C’est une histoire de Camargue, une histoire de riz et une histoire de famille. Dans l’ordre chronologique : Canavere est le nom d’un mas en plein cœur de la Camargue, construit en 1500 sous la forme d’une simple tour de guet. À la suite d’un incendie, il est reconstruit en 1764 par la famille Piolet, qui lui donne l’aspect que l’on voit aujourd’hui : une grande ferme blanche coiffée de tuiles romaines. Au tout début du XXe siècle, le mas Canavere est repris par la famille Benoit, qui acquiert par la même occasion plusieurs hectares de terres entourant la ferme. À l’époque, celle-ci sert de cave et de grange, mais Paul Benoît, première génération de la famille sur le mas, la transforme en exploitation rizicole.
Depuis, la famille Benoit s’accroche à sa passion pour sa Camargue, son écosystème, ses produits, de telle sorte qu’aujourd’hui encore, elle est à la tête de cette maison et produit toujours un riz désormais distingué par le Collège culinaire de France. Après Paul, puis son fils Louis, et ensuite Jean-Louis et Philippe ses petits-fils, c’est aujourd’hui Mathieu, fils de Philippe, qui dirige la propriété et assure la continuité du travail dans les rizières. La marque Benoit Riz de Canavere est créée par Jean-Louis en 1993, et Mathieu, avec sa femme Françoise, bataillent dur pour faire reconnaître la valeur du riz de Camargue authentique face aux fausses appellations et à la concurrence internationale.
C’est en 2000 qu’enfin le riz de Camargue obtient une protection à travers une IGP (Indication géographique protégée). La famille pratique l’agriculture raisonnée, refusant, dit-elle, de se plier à l’effet de mode du « green marketing, qui consiste à marketer les produits bio ou organic sans conscience exacte de la provenance et de la fabrication » du produit. Quelques riz biologiques sont cependant produits par le mas Canavere. Quels que soient le cultivar ou le degré de décorticage, le contrôle de ce riz 100 % français se fait du champ à l’assiette, avec le souci de maintenir l’écosystème et la biodiversité propres à cette région si singulière de Camargue. « Sans riziculture, dit la famille Benoit, la Camargue ne serait plus qu’un marais salant et il n’y aurait plus de faune ni de flore. »
